Du chant à cappella avec De Maïre en Filha: elles sont comme l'eau cherchant d'autres résolutions, d'autres rives où s'attarder, inonder d'autres racines, ailleurs des grans courants qui ravinent durement la pierre. L'exercice est difficile de vouloir donner à entendre ce que les convenances embrouillées du temps commun ignorent le plus souvent. Là est le lieu de sensibilité de Béatrice Lalanne et Marie-Ange Bouzinac-Gacherieu en nous dévoilant un répertoire devant se situer entre XVIº et le XVIIIº avec leur intime conviction que certaines pièces viennent de plus loin encore. La recherche est de tenter de révéler ce qui faisait la force du chant avec une réappropriation particulière au parcours du duo De Maïre en Filha, notamment dans le travail de chevauchement des voix. Le chant contient une tension qui laisse paraître une émotion à la mesure du ressenti.
L'engagement dans l'expression n'autorise pas une écoute distraite, en double tache, au fond du garage ou en faisant la vaisselle. L'auditeur doit s'engager également, avec attention, alors avec des clefs subtiles le plaisir est bien réel.
Il y a une extrême modernité dans la démarche, par cette impression d'urgente nécessité d'extirper un quelque chose d'universel du chant, ce même besoin à la fois inquiet en bienfaisant d'ancrage à ce qui nous a été légué, être relié quelques moments encore à ce ressenti de ceux d'avant et d'ailleurs. La sobriété du livret nous laisse entrevoir un regard qui porte loin, effleurant l'austérité, en contraste avec cette couleur toute de féminité d'un chant en plein maturité. Incontournable.
Dominique BARRES
Revue du Centre des Musiques et Danses Traditionnelles
Toulouse, Midi-Pyrénnées>
Revue du Centre des Musiques et Danses Traditionnelles
Toulouse, Midi-Pyrénnées
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